Il désirait déjà être très agréable à ce … Monsieur.

Puis il se ressaisi comme sortant d’un cauchemar.

« Bon… bonsoir, Monsieur. » fit-il espérant prendre des distances d’avec la domination qui lui forçait le menton sur la poitrine d’une poigne énergique.

« Appelle-moi Dan, Rob, gardons les politesses pour ceux qui les apprécient ! » Robert eut un sourire pincé.

« Bien Messieurs, les présentations sont faites, si nous rentrions ? »

« Pardon, Nadège, connaissez-vous le Carmin-Club ? »

« J’ai entendu parler de cet endroit, un vrai coupe gorge d’après ce que j’en sait. Pourquoi ? »

« J’ai rendez-vous au Carmin-Club. »

« Une conquête, déjà ? »

« Je suis conquis en effet par le reggae subversif des Lodol Pulsart… Ils y donnent un concert ce soir, quelle aubaine ! »

Nadège tendit de deux doigts désinvoltes les clés de leur voiture à son frère, qui les pris l’air étonné. Nadège glissa au bras de Danoël.

« Vous êtes mon invité, sous mon entière protection. Mon frère n’aime pas conduire, mais cette nuit est exceptionnelle, il vous conduira où vous le désirez, moi, je vais rentrer en taxi. Merci d’être là, Danoël… »

« Vous pouvez m’appeler Dan. »

« Dan ? »

« Oui ?… »

« Comment vous faites ? »

Après un court silence le grand rasta éclata de rire, il résonnait, sous le grand hall, dans la nuit de Nadège il résonnait dans les faiblesses de Robert.

« A tout de suite macho, je vais passer quelque chose. On se retrouve là bas, je t’aime ! »

Anghia entrait à nouveau dans le corps d’Odette qui sortait de sa chambre. Le trans aperçu deux corps sur le lit rond, dont un seul vivait encore. Il vivait, écrasé de peur, recroquevillé sur lui-même ; l’autre semblait effectuer un numéro de contorsionniste tant il était plié. Les jambes, les bras et la tête semblaient avoir changé de place et la position qu’avait gardé le cadavre de Pascal Muller était due à l’entrelacs de ses membres.

« Sous That ,ton mâle possède maintenant une monture digne de son rang, maîtresse »                                     

« Il est arrivé, Fourreau, je dois le retrouver dans un club de la ville… » Les pensées de Simon Léandre parvenait à la conscience d’Anghia, leur flot réduit par la puissante injonction de Fourreau pendant le rituel indiquait cependant à la brune couillarde un fait  qui ajoutait à la liste des actes de Leptika une nouveauté.

« Leptika dissimule la piste de ses pas sur ton monde, Maîtresse. »  réponse aussi claire de la guerrière du gynécée à la  tout aussi claire mais non encore formulée question du transsexuel.  « Ce con sais qu’il va finir au trou pourquoi couvrir nos actes si nous ne sommes pas repérables ? »

Renonçant comme  souvent a tenter de comprendre les raisons des actions de Leptika ,Anghia reprit « Elle est écrasante de force dans le regard de Sing-Sing. » Elle ouvrait à sa compagne sa mémoire de la rencontre entre Nadège Robert et Danoël.

Odette s’approchait du communicateur vocal et composa un numéro, auquel elle laissait en message l’adresse du mobil home et la nature du drame qui s’y était déroulé, avant de monter dans la voiture du tueur et de prendre la direction de la ville. Un sourire  et un geste complice, habitude d’Odette et du veilleur de nuit du camping, que Leptika reproduisait et la voiture s’engageait sur la route en direction de forbach.

Anghia voyait une petite portion du plan de l’armure portant le nom de code  Leptika.        .

Un respect sans borne, enflammait le trans envers les créateurs de ce module d’intervention.

Danoël claquait la porte de la voiture de Robert et Nadège. « Vous auriez pu découvrir quelque chose de nouveau, je vous l’assure ! » Mais devant la main qui s’abattait avec  lassitude il laissa son chauffeur improvisé à ses répulsions. « Je n’aime pas les musiques modernes. » soupira Robert à la proposition du jeune homme de l’accompagner à l’intérieur de ce club si mal famé. « Je passerai vous reprendre à la fin… »

C’est sans aucun regret qu’en poussant la porte vitrée il se vit non accompagné par ce pisse froid de Robert.

« Tu as eu raison de rester dehors » pensa le métis en glissant un regard circulaire sur l’épaisseur enfumée au parfum de bière et la faune qui était la cause de cette bruyante ambiance.

En arrivant tant bien que mal devant le zinc dans l’espoir d’étancher la soif il ne fut même pas surpris de l’allure des clients entassés à l’intérieur, pourtant rien à ses yeux n’avait à voir avec la physionomie à laquelle il aurait pu s’attendre de la part de personnes dites humaines.

N’importe qui aurait sursauté d’effroi à la vue de la face plissée au regard malveillant de la barmaid qui entra dans le champ de vision du rasta, un sourire mal engageant étirant ses lèvres transparentes à l’intérieur desquelles une multitudes de minuscules larves blanchâtres grouillaient.