Il ressemble à quoi, ton conteur ? … »

« Je te l’ai déjà dit, ce n’est pas un conteur ! »

Puis ajoutant sur le ton de la menace, la petite femme généreusement roulée dans la quarantaine épanouie :

« Tu as promis de ne pas te montrer sous ton mauvais jour, ce garçon est un poète et comme tous les artistes certainement très sensible ! Il doit avoir la sensibilité  à fleur de peau pour si bien en parler… »

« Ca suffit ! Tu ne vas pas remettre le couvert avec ce saltimbanque ! … » L’homme, lui aussi de petite taille, comme s’il epoussetait un tissus imaginaire appuyait ses mots d’un geste méprisant de la main.

La femme recula outrée, en posant sa main sur sa poitrine couverte d’un large col de fourrure noire qui protégeait son décolleté exhaustif de féminine abondance.Puis elle se détournait et levait un menton volontaire vers la foule des arrivants, pour y distinguer une silhouette, … une allure, une attitude qui lui indique celui qu’elle attendait, mais personne parmis ces travailleurs qui rentraient chez eux après leur journée de travail dans la capitale ne cherchait du regard autour de lui en arrivant dans le hall.

« Il va avoir loupé l’avion, entre deux branlettes, ton nécrivain… »

« Bonsoir, vous êtes madame Huon ? »

En se retournant, pivotant sur la pointe des pieds elle répondait,… « Oui ! … » en levant le visage pour voir celui qui surplombait cette poitrine expressive de masculinité sous le pull aux motifs symétriques beiges et noirs, elle fut accueillie par un sourire, qui s’ouvrait plus encore face à la surprise qu’exprimait la petite femme, ronde et pétillante comme l’amour une coupe de limonade.

« Je suis Danoël. »

« Je suis Robert Huon, le frère de Nadège, bonsoir… »visiblement Robert était absent pour le nouveau venu. Et rétractait en refermant la main, le geste de convention qu’il proposait l’air faussement jovial.

« Danoël ! … c’était vous, suis-je bête, j’aurais dû me douter que vous n’étiez pas … enfin, que c’était vous. Ca ne pouvait être que vous ; démarche tranquille dans la cohue, regardant le plafond du Hall longuement, puis souriant à tout , aux gens pressés qui vous bousculent. J’aurais dû savoir, …Pourquoi donc vous imaginais-je blanc ! ? »

« Mon accent peut être ? » fit le jeune homme l’air dubitatif avant de rire et de répondre aux bras tendus vers lui « Nadège »

Nadège Huon voulait serrer contre elle ce garçon qui lui avait bercé la solitude depuis des mois avec de la poésie . Nadège avait déniché sur le Web tous les enregistrements de Danoël, et comme peu de personnes avaient pu le faire déchiffra les coordonnées de ce poète capable en  quelques vers de lui procurer de violents orgasmes !

« Comment avez-vous fait pour nous trouver ? »

Il fit un signe vers la porte d’ou elle l’avait vu entrer dans le hall sans savoir qui il était.

« Comme un envol du plaisir

Une superbe menace

Comme une baffe qui va partir

J’ai senti Eve dans mon espace… » Il se tu le sourire aux lèvres devant l’agitation impatiente de la petite main gantée de cuir… la femme les sourcils froncés semblait rechercher quelque chose dans sa mémoire. Puis son visage s’éclaira soudain et plongeant son regard pervenche dans la Chinoise grisaille de Danoël.

« Si elle voulait me rendre ma place

Qu’elle, sans faire gaffe avait prise

Je la prierai de faire des traces

Dans mes avenirs, des surprises

Saura-t-elle sans se méprendre

Goûter la chair de mes caprices ?

Cueillir tout ce qu’ils lui tendent…

Goûtera-t-elle mon sacrifice ? »

« Y a-t-il plus machiste propos à la ronde, Nadège ? » La femme riait de bon cœur.

« Il y a machisme et machisme  la nuance est très bien marquée depuis vous, Danoël, du macho comme je l’aime et vous verrez que je ne suis pas la seule ! »

 la vive Nadège ajouta comme en aparté « Je vous présente mon frère Robert » ouverte, la petite main gantée de cuir souple désignait l’homme près d’eux.

Danoël comme si elle venait de le faire apparaître se tourna vers lui.

« Bonsoir Robert. » fit-il en posant sur le petit homme un regard chargé de viriles promesses.

Robert eut la très nette sensation que sa virilité faisait une courbette. Atteint jusqu’au fond de lui par cette promesse muette, il laissait s’enfuir son arrogance habituelle. A la place s’installait une peur encore inconnue de lui à ce jour, celle de décevoir dans son obédience à ce mâle pouvoir. Il désirait déjà être très agréable à ce … Monsieur.